Inscrit depuis le dimanche 15 décembre 2013
"Les fleurs de cerisier tombées,
Le temple appartient aux branches."
"Assis au sommet de la falaise, il scrute l'horizon.
Alors que son regard tangue au rythme des légers remous de la Mer d'Outre-Monde, il laisse son esprit s'enivrer une dernière fois de souvenirs, de plaisirs et de rires.
Il se penche, saisit la douce terre yagishirienne et la laisse glisser entre ses doigts. "Fragile, muable et docile" pense-t-il en souriant face à l'hérésie de ses propos. Ses quelques contusions et cicatrices au niveau des membres inférieurs cernèrent également le ton ironique.
L'Épée du Chef des cinq rénégats brillait dans sa prison translucide...
Entendant la valse mélodieuse de la Cascade à quelques mètres, il décide de s'abreuver en son eau abandonnée.
À travers la plaine, des sons oubliés résonnent au-delà du temps. Le Dragon Ténèbreux envoie ses crocs acérés briser la lame inébranlable de l'Éclair Rouge. La lutte perdure sans fin, sans lassitude, sans repos.
Ses lèvres goûtent enfin au précieux or bleu. Il plonge son visage afin de garder en mémoire la fraîcheur et la pureté de ces lieux, se redresse puis s'essuie.
Entre ses pieds immergés, il découvre avec stupeur un jeune poisson tant rapide qu'agile. Ce dernier tourne autour de lui à une vitesse hallucinante, surgit de la surface en formant une arche au-dessus de son spectateur puis se laisse emporter à nouveau par le courant.
L'homme baisse les yeux et salue d'un hochement de tête son acolyte aquatique.
Sortant du lit de la rivière, une bourrasque violente vient soudain le glacer sur place. Le flux aérien l'entoure et entame un mouvement rotatoire. Trois formes apparaissent devant lui et le fixent longuement. L'une d'entre elles s'avance à sa hauteur, retire son "Iron Kneckle", pose sa main sur son épaule et se retire vers l’astre dominant. Celle du milieu s’approche à son tour, le bouscule violemment, virevolte en agitant son Sandogasa puis le nargue à distance avant de s’orienter vers le tonnerre de la plaine. Enfin, la dernière le salue conformément aux mœurs anciennes des Fenikkusus. Il s’empresse de lui répondre et tous deux se dirigent vers la côte ouest de l’archipel.
À mi-parcours, l’ombre s’arrête et lui fait comprendre que c’est l’instant. Il se retourne, lui donne l’accolade avant de reprendre son chemin. L’entité reste immobile et silencieuse pendant que l’homme aux Sakura s’éloigne.
Ça y est…
Il inspire un grand coup et parcourt le rivage sablonneux.
Il ne remarque pas tout de suite la présence d’un petit être sur son kimono. L’animal volant se manifeste dès lors et se pose délicatement dans sa paume. L’air grave et quelque peu anxieux, il observe longuement l’insecte gracieux, le laisse remonter son bras jusqu’à hauteur de son épaule et finalement se poser au sommet de son couvre-chef. Leurs regards communs tournés vers le Soleil Couchant semblent vouloir lui transmettre un dernier remerciement. Après tout, sans lui, l’île ne leur aurait jamais été propice et même habitable. Le Roi de ce monde s’endort, emportant la lumière avec lui.
Le papillon s’agite, déploie ses deux paires d’ailes et retourne rejoindre la dernière ombre.
Seul, face au crépuscule, ses esprits se manifestent.
Un gigantesque renard à neuf queues se pose à ses côtés et grogne. Il apaise Agni-Oni en le caressant calmement.
Sarutahiko fait également son entrée à travers sels et cristaux, bombant le torse et arborant fièrement son accoutrement.
Funsui quitte son domaine maritime pour s’associer au petit rassemblement.
Apparaît enfin une lumière blanche resplendissante. Au fur et à mesure qu’elle se rapproche, les pattes, le tronc et enfin la face de Gwynbleidd se dessinent. Le loup blanc s’oriente droit vers le Sage et, à sa hauteur, lui mordille la main. Les deux alter egos restent dans cette posture un bon moment. Le Sage prononce finalement un terme à quatre syllabes : "Senshihasa".
L’incantation tout de blanc vêtue laisse place à un fourreau nacré luisant.
Grand Sage se saisit du pommeau puis laisse échapper une deuxième dénomination.
Derrière lui, Agni, Sarutahiko et Funsui s’agglutinent en un tas de cendres incandescent. Au sein de l’antre de feu, s’extrait petit à petit son plus fidèle et noble compagnon de route.
Le volatile laisse retentir son cri puissant et, en un instant, s’embrase net.
Le vieux Katon prend place derrière l’espace scapulaire, laisse sa main glisser sur les plumes enflammées et soupire :
"Ai-je été suffisamment juste et pur en ces contrées, mon vieil ami ?".
L’oiseau fait parler son envergure.
"Est-ce la bonne question à se poser ? N’as-tu point agi en espérant l’être ?"
"Si… Bien sûr…"
"Apaise dès lors ton fardeau, Petit Homme. La route est encore longue et elle ne souffre aucun remord pour bagage."
"Ce n’est donc pas la fin ?"
"Loin de là. Ne m’as-tu pas attribué un nouveau nom, Petit Homme ? Le cycle des renaissances anime nos battements jumelés. D’autres luttes nous attendent."
"Et eux ? Que deviendront-ils ?"
"En ce monde, le renégat continuera toujours ses facéties, le tonnerre rugira toujours à travers le voile gris, les courants contraires formeront toujours l’intempérie, le poisson nagera toujours dans l’eau de pluie, le papillon volera tant jour et nuit. À toi de les reconnaître quand ils se tourneront vers toi."
"Tout n’est pas si mal finalement…"
"Le mal n’est qu’un versant. Jamais la globalité."
Grand Sage sourit à ces mots. Il se retourne une dernière fois, envoyant flotter ses vœux de bonheur et de joie vers les âmes endormies puis s’agrippe à l’encolure du Phénix.
"Je suis prêt, Yahasaki. Allons-y…"
La créature de feu s’élance.
Au loin, un point lumineux s’éteint...
Par-delà les eaux des quatre mondes un autre se rallume.
L'histoire continue...
Autre pseudo utilisé
Agni-Oni, Kagutsuchi Homasubi, Kagutsuchi, Grand Sage Kagutsuchi, Grand Sage, Agni
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